Sport et dialyse
Interview du Dr. Myriam Isnard-Rouchon
Néphrologue Aura Auvergne
Elle fait battre les cœurs en les mettant tous au sport : Myriam Isnard, néphrologue, est à l’origine du programme de développement de l’activité physique au sein de l’AURA Santé (ex AURA Auvergne). La dépense physique, c’est la santé, et c’est son combat.
Quelles différences faîtes-vous entre activité physique et sport?
L’activité physique est quelque chose que nous faisons au quotidien, sans parfois y réfléchir, comme par exemple le fait de marcher ; tandis que le sport relève davantage d’une volonté délibérée extraite du quotidien.
Quelles sont pour vous les bénéfices qu’une activité physique peut procurer ?
La liste est longue, car en vérité, santé et forme physique sont intimement liées, d’autant plus sur les pathologies rénales et cardio-vasculaires, et ce sans prendre en compte l’impact psychologique : « je peux refaire des choses » !
Pour moi, le combat est gagné lorsqu’un patient laisse sa canne aux vestiaires.
Et en termes médicaux ?
On observe tout d’abord une amélioration lipidique, une baisse du cholestérol. Les épreuves d’effort montrent une nette amélioration des capacités cardiovasculaires et respiratoires, des progrès au niveau articulaire. On peut alors diminuer les doses d’EPO. On note également une réduction des crampes et une amélioration de la vascularisation au niveau des membres inférieurs. A raison de 20 à 30 minutes d’efforts quotidiens soutenus, l’amélioration est aussi nutritionnelle.
Sur quels outils vous êtes-vous appuyée pour développer les activités physiques dans votre structure ?
A vrai dire, je n’ai rien développé seule, c’est un travail d’équipe regroupant néphrologues, équipes soignantes et professionnels de l’APA [Activité Physique Adaptée NDR].
Le ressort principal sur lequel nous nous sommes appuyés est l’implication des soignants. Une fois les équipes convaincues des bienfaits de l’activité physique, elles étaient à même de proposer aux patients des exercices adaptés et d’insister sincèrement pour qu’ils en fassent leur quotidien. Nous avons acheté des pédaliers à mettre aux pieds des malades durant les séances.
Actuellement l’AURA SANTE propose à ses employés de faire du sport, notamment par l’octroi de chèques santé qui peuvent servir de ticket d’abonnement dans des clubs de sport.
Que dîtes-vous à ceux qui mettent en avant les risques encourus ?
Que c’est exagéré ! Il existe des risques, mais les médecins néphrologues étudient au cas par cas les demandes de leurs patients ; ce sont eux qui délivrent des prescriptions médicales, et si risque il y a, il est toujours bien pesé.
Par exemple, nous avons signé une convention avec un maître d’arme pour des séances d’escrime : en théorie, les sport d’affrontement sont prohibés, mais dès lors que l’on prend soin de protéger la fistule, tout est possible.
Il est vrai qu’il existe des contre-indications liées à certaines cardiopathies. Encore une fois, dans ces cas-là, le médecin est au courant. Nous parlons d’activité physique douce, pas de sport !
Concernant le bilan hydrique, la sueur ou l’expiration de la vapeur d’eau, l’effort physique, lorsqu’il est soutenu, peut amener un déséquilibre auquel il convient de faire attention, en prenant la précaution de se peser avant et après.
Quel message voulez-vous transmettre aux patients IRC ?
Je vous invite à vous renseigner sur Fabrice Huré, insuffisant rénal et sportif hors-norme. Il nous montre qu’avec de la volonté, c’est possible, qu’il ne faut pas avoir peur de sortir de chez soi pour aller à la rencontre des autres. C’est ça le bonheur !